Le dimanche 08 Décembre 2019, s’est tenue au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), la toute première audience publique organisée par la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). En effet, les audiences publiques constituent un espace de reconnaissance public de la souffrance des victimes de conflits armés depuis 1960 à nos jours au Mali, pour qu’elles retrouvent leurs dignité.
Elles visent à ouvrir un dialogue public centré sur les victimes afin que les violations graves de droit de l’homme ne se produisent plus. Cependant au cours de cette première audience, les victimes ont partagé les violations qu’elles ont subies ainsi que leurs conséquences et leurs visions d’un Mali pacifié et réconcilié.
La Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) a eu l’initiative de sélectionner les victimes au regard du caractère emblématique de leurs expériences et de la valeur éducative de leurs récits. Les récits des victimes sont un précieux vecteur d’information, d’éducation et sensibilisation, favorisant le dialogue, le vivre ensemble et la réconciliation nationale. Ils contribuent à faire la lumière sur les événements du passé et facilitent leur intégration à la mémoire et à l’histoire nationale. Toutes les victimes se sont présenté dans la langue de leurs choix, accompagnées d’un proche pour le consoler et le soutenir.
À SAVOIR QUE CETTE RENCONTRE A MARQUÉ LA PRÉSENCE DE PLUSIEURS PERSONNALITÉS MALIENNE, PARMI LESQUELS ON PEUT CITER :
Monsieur Dioncounda TRAORÉ, Ministre de la cohésion sociale et la réconciliation nationale, Monsieur Moussa MARA, ancien Premier Ministre, et de Madame le Maire de la commune III du District de Bamako.
Et parmi les victimes, nous vous présentons en quelques lignes le récit de Diahara DJENEPO 41 ans, qui a vécu une expérience très perturbante et désagréable à Mopti en 2012.
Diahara DJENEPO :
“J’étais infirmière et je travaillais dans le Centre de Santé Communautaire de Léré, dans le cercle de Douentza à Mopti. Il était 10 heures quand les coups de feu ont commencés, et en ce moment justement j’étais au Centre de Santé. J’ai voulu m’échapper mais on avait une patiente qui devait accoucher et juste après son accouchement, j’ai couru directement pour rentrer chez moi.
Arrivée à la maison, j’ai trouvé ma bonne qui pleurait, pensant qu’elle allait mourir ; sur le champ, je lui ai demandé de prendre quelques habits, qu’on va partir à Mopti et moi je suis rentrée dans ma chambre pour prendre quelques habits.
Une fois à l’intérieur, elle criait très fort en disant qu’ils sont déjà devant la porte, j’avais eu très très peur et j’ai essayé de sauter par la fenêtre et une fois après avoir sauté, c’était trop tard.
Ils m’avaient déjà entourés avec les armes à feu et me demandaient de les suivre dans la voiture. Ma bonne a essayé de les contredire et ils ont tiré sur elle, mais heureusement la balle n’a eu que sa main.
Ils m’ont amené avec eux dans une longue forêt très sombre, et me demandèrent de soigner leurs collègues blessés. Je les ai soigné en effet et après on m’a laissé sans nourriture sans eau ni rien. C’est à ce moment là que j’ai marché pendant deux jours pour arriver à Mopti, où je me suis faite soigner.
À Bamako, y a toutefois des merveilles, parce qu’à chaque problème, on a une solution au quotidien.